Selon une représentation particulièrement répandue que les non-initiés se font du marché boursier, l’évolution des cours détermine simplement le sort des actionnaires ayant investi une partie de leur fortune dans l’achat d’actions.
Il leur appartient donc d’anticiper au mieux les hausses et les baisses pour revendre au moment opportun – pour en tirer des bénéfices. Cette mécanique ne tient évidemment pas du mythe et correspond à de nombreuses opérations financières. Pour autant, d’autres approches plus complexes rythment le quotidien de certains investisseurs, approches dont il est facile d’ignorer l’existence ou le fonctionnement quand on début dans le domaine.
Parmi l’éventail des possibilités peut intervenir le SRD, ou Service de règlement différé – et s’opèrent par son intermédiaire des ventes à découvert, dont il semble important d’expliciter le mécanisme.
La vente à découvert : dépasser la contre-intuition
La vente à découvert (ou VAD) pourrait rebuter les néophytes. En effet, a priori, l’on ne peut vendre que ce que l’on possède, ce que l’on a acquis. Mais dans le domaine boursier, la virtualisation des enjeux s’avère sinon automatique (car il reste toujours possible d’en rester à l’investissement « classique »), du moins parfaitement envisageable. Avoir recourt à une vente à découvert (VAD) suppose cela dit une prise de risque plus conséquente, puisque pour pallier l’absence d’engagement pécunier direct, et donc la vente d’une action effectivement acquise, il faut s’en remettre à l’engagement d’un intermédiaire, auquel il faudra rendre des comptes à la fin du mois boursier.
Avant de décrire plus précisément ce système, remarquons qu’en réalité, ce genre d’opérations existe aussi dans la vie quotidienne. Toute personne ayant emprunté une somme d’argent à un organisme bancaire pour réaliser un projet s’engage à rendre le montant selon des modalités définies – il accepte donc, dans un premier temps, de dépenser ce qu’il n’a pas vraiment gagné. La comparaison tient pour comprendre « l’esprit » d’une VAD, mais ne résiste pas à toutes les subtilités. Et pour cause : cette mécanique boursière suppose non pas un achat, mais une vente. Logiquement, l’investisseur doit s’attendre à une baisse qui lui sera profitable. Le gain engendré viendra éponger la dette contractée et, idéalement, gonfler sa fortune. Si les pronostics se révèlent mauvais, par contre, le vendeur peut se retrouver dans une situation difficile.
Le SRD : d’autres acteurs entrent en jeu
En fait, si l’on observe de près les rouages d’une VAD, les enjeux ne sont guère différents de ceux régissant un achat « traditionnel ». Il s’agit, comme toujours en bourse, de spéculer en espérant avoir bien anticipé les flux. Mais il faut garder à l’esprit que vendre sans avoir suppose systématiquement l’intervention d’un garant, d’un acteur intermédiaire venant s’ajouter à la donne.
L’ensemble des organismes et des individus visant à réguler et garantir l’existence des VAD répond au nom de « SRD », ou comme on le disait plus tôt « Service de règlement différé ». Le terme est parlant. Puisque les cadeaux n’existent pas sur les marchés financiers, l’investissement se retrouve en fait repoussé à une date ultérieure, définie par un calendrier réglementé.
Un débutant n’a donc pas forcément intérêt à se lancer dans une telle aventure dès ses premiers pas en bourse. Dans tous les cas, et comme pour toute entreprise financière, il convient de se renseigner consciencieusement sur les différents services disponibles, d’apprécier les modalités correspondantes. Par exemple, un investisseur peut se voir proposer un report de mois en mois ; les enjeux gonflent proportionnellement et l’addition peut s’avérer salée si tous les paramètres n’ont pas été pris en compte.
Pour conclure : une approche répandue… d’un niveau avancé
Une VAD est en somme parfaitement envisageable et intéresse de nombreux acteurs en bourse. Par ailleurs, et bienheureusement, cette solution est officiellement régulée : certaines ventes sont interdites, jugées trop en décalage avec les réalités du marché. Un habitué saura donc, en principe, faire des choix judicieux et éviter les collaborations dangereuses. Mais dans tous les cas, et comme l’on ne saurait trop le dire quand il s’agit d’évoquer la bourse, les risques sont réels, et un organisme de SRD qui en prônerait l’absence serait malhonnête. Si les marchés boursiers peuvent être investis comme des terrains de jeu par certains, ils n’en restent pas moins des terrains minés quand on n’a pas le recul et les informations nécessaires. Avant de s’engager dans une VAD, avant d’avoir recours à une SRD, il faut se poser les questions habituelles : jusqu’à quel point une vente anticipée parait-elle raisonnable ? Le domaine dans lequel il s’agit d’investir peut-il subir des perturbations importantes ? L’appel à un SRD est-il, dès lors, raisonnable ? Même après avoir répondu à ces questions, le résultat peut décevoir. Une vente à découvert ne doit donc jamais être imaginée comme un bon moyen de repousser l’investissement, mais comme une alternative préférée selon la situation et les opportunités.