On entend parfois que le marché du jouet subit de plein fouet la concurrence de la digitalisation. Certains craignent que l’usage des écrans bouleverse grandement l’usage des jeux et jouets traditionnels au point de voir les enfants comme les adultes s’en désintéresser. Mais qu’en est-il vraiment de cette tendance ?
Déjà, un premier chiffre vient contredire cette hypothèse : en France en 2021, le marché du jouet a repris sa croissance (3 %), passant pour la première fois la barre des 3,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le contexte sanitaire a probablement participé à ce retour d’intérêt pour le jeu après une année 2020 sans croissance : en ayant moins d’opportunités de sorties, les gens se sont davantage retrouvés à la maison, le jeu et le jouet reprenant ainsi de leur intérêt. Mais cette explication n’est pas la seule !
De nouvelles formes de jeu
Le jouet reste toujours plébiscité par les parents pour plusieurs raisons. Premièrement, le jouet en tant qu’objet conserve une grande valeur, notamment lorsqu’il est offert pour des occasions spéciales (Noël, anniversaire, récompense). Les enfants apprécient toujours autant la possibilité de s’évader avec un jouet en créant leur univers autour. Le partage constitue également un argument en faveur du jeu, notamment lorsque des enfants se retrouvent et échangent leurs jouets. De fait, le magasin de jouet pour enfants attire toujours une clientèle de fidèles, confirmant ainsi les chiffres positifs enregistrés par l’industrie.
Cependant, les constructeurs de jouets doivent répondre à de nouveaux défis. Comme cela a été évoqué en introduction, la concurrence des écrans et des jeux interactifs oblige l’industrie à se remettre en cause. Le jeu narratif est par exemple en forte hausse : les gens apprécient de plus en plus le récit, l’épique, l’épopée… Ils aiment plus que jamais entrer dans l’univers d’une histoire et se laisser guider. Les jeux en ligne apportent souvent cette dimension et les constructeurs de jeux et de jouets doivent s’adapter pour proposer eux aussi le même genre de divertissement en créant des univers autour de leurs jouets.
L’écologie au cœur de l’industrie
Par ailleurs, un autre facteur primordial entre dans la réflexion depuis quelques années : l’écologie. L’exemple qui illustre parfaitement cette nouvelle tendance est celui de Mattel, le leader mondial du jouet. Soucieux de réduire son impact environnemental, Mattel a annoncé courant 2021 viser la neutralité carbone pour 2030. Dès avril 2022, il s’est même engagé à ce que chaque jeu de sa gamme Mega soit fabriqué à partir d’un minimum de 56 % de matériaux végétaux et de 26 % de plastique biocirculaires certifiés ISCC, c’est-à-dire International Sustainability & Carbon Certification. Cette volonté de changer les choses devrait avoir des répercussions sur la concurrence qui devrait imiter le leader du marché mondial en proposant des alternatives aux jouets traditionnels.
De même que l’écologie devient un enjeu fondamental, d’autres problématiques de société sont aujourd’hui au cœur de l’industrie du jeu. Les constructeurs ont saisi leur responsabilité sur un certain nombre de sujets cruciaux comme le genre et l’inclusion. Cette nouvelle donne oblige à repenser le jeu de demain pour l’adapter aux nouveaux défis qui se présentent à la société. Cette tendance va donc créer de nouvelles opportunités pour l’industrie du jeu qui devra prouver qu’elle sait, une fois de plus, s’adapter pour répondre aux nouvelles normes de consommation.