L’Union Européenne est pour nous une évidence, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Au sortir de la seconde guerre mondiale et de ses horreurs, l’équilibre des forces sur le continent est fragile et la peur de retomber dans le conflit est bien présente. Certains grands hommes décident alors de proposer une vision unifiée du continent pour accoucher finalement des années plus tard de l’Union Européenne moderne. Et le Traité de Rome en a été l’événement fondateur. Présentation.
Le Traité de Paris, un texte fondateur
Pour « rendre la guerre impensable et matériellement impossible », Jean Monnet propose en 1950 de créer une Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, une organisation continentale rassemblant six pays, la France, la RFA, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. L’idée est ici d’organiser la libre circulation de ces ressources stratégiques ainsi que d’assurer l’accès libre aux sources de production. Tout ceci dans le but de renforcer les liens entre nations.
Le ministre des Affaires étrangères français d’alors, Robert Schuman, entend sa proposition et prononce une déclaration qui aboutira à la création de la CECA lors de la ratification du Traité de Paris en 1951. Mais ceci ne constituait qu’une première étape dans le processus qui a plus tard mené à la création de l’Union Européenne moderne. Les historiens s’accordent ainsi pour dire que le traité de Rome fut le véritable point de départ de cette construction collective.
L’Union européenne moderne et le traité de Rome
Le 25 mars 1957, les mêmes six pays qui ont ratifié le Traité de Paris quelques années plus tôt s’entendent autour du texte du Traité de Rome. Celui-ci constitue un grand pas en avant vers l’intégration économique des nations au sein d’un modèle plus fédérateur, dont l’objectif de long terme s’inscrit dans la création d’une Union européenne moderne et politique. Le Traité de Rome est ainsi la manifestation textuelle de la naissance de la Communauté Économique Européenne.
Celle-ci se définit avant tout par des institutions. La Commission Européenne, le Conseil des Ministres, le Parlement Européen et la Cour de Justice des Communautés Européennes sont décrits et mis en place par le traité, marquant le début du transfert partiel de la souveraineté des nations vers une autorité continentale. En parallèle, un deuxième traité fait naître la Communauté européenne de l’Énergie Atomique, adjuvant indispensable de la CEE permettant la recherche collaborative sur le nucléaire.
Un traité et des controverses
Si le Traité de Rome est assurément l’événement fondateur de l’Union Européenne moderne, il est aussi le premier révélateur des difficultés à faire collaborer les nations du continent. Ce traité est avant tout une union douanière visant à créer un marché commun européen, mais aussi un tournant marquant le début d’un transfert du pouvoir vers une autorité supranationale. Toutes raisons qui ont notamment poussé le gouvernement britannique à refuser la ratification.
La construction européenne s’est par ailleurs heurtée au sentiment nationaliste dans de nombreux pays. Ceux que l’on appelait pas encore les eurosceptiques lui reprochaient notamment de lisser les identités nationales et d’occulter les besoins des peuples au profit des grands acteurs économiques. Néanmoins, c’est bien ce traité qui a permis plus tard la création d’une police continentale, l’élaboration d’une monnaie unique et l’intégration de nombreux pays comme l’espagne par exemple. Et en cela, le Traité de Rome constitue bien l’acte de naissance de l’Union Européenne.