Artmedia, l’agence artistique à l’origine de la série Dix pour cent, est mal en point, c’est le moins que l’on puisse dire. Entre départ de stars, chute du chiffre d’affaires et condamnations aux prud’hommes, l’agence est au bord du précipice. Arrivera-t-elle à survivre ? Rien n’est moins sûr…
Histoire d’une chute annoncée
Fleuron de la scène artistique française, Artmedia n’emploierait plus que 12 personnes au total, et accuse une chute de son CA 2020 à 2,2 millions d’euros. En cause : la crise sanitaire, mais pas que. En effet, les déboires d’Artmedia remontent à plus loin, notamment du point de vue de la baisse de revenus et de la perte d’influence. Aujourd’hui, l’ancien leader européen du secteur voit son portefeuille d’acteurs considérablement réduit, même si l’agence continue de représenter une panoplie de grands noms comme Catherine Deneuve, Daniel Auteuil, Michel Blanc ou encore Valérie Lemercier. Mais force est de constater que plusieurs autres stars ont préféré plier bagages, notamment Guillaume Canet et Isabelle Adjani, entre autres.
Alors qu’il y a quelques années, les stars et modèles rêvaient de rejoindre les rangs d’Artmedia, elles préfèrent aujourd’hui s’en aller chez Adequat ou Ubba. Pour ne rien arranger, Claire Blondel, actionnaire principales et présidente de l’agence, a vendu discrètement 25 % du capital en 2020 à Grégory Weill et Laurent Grégoire, dont l’agence Adequat représente Claire Chust, entre autres. Rappelons qu’Adequat est le concurrent historique d’Artmedia. Pire encore, la vente s’est conclue pour seulement 450 000 euros, soit une valorisation totale de l’agence à 1,8 million d’euros.
Les raisons d’une dégringolade
Pourquoi une telle chute ? Plusieurs facteurs l’expliquent, au premier rang desquels la dislocation progressive de l’équipe, dès 2005, avec le départ de Dominique Besnehard, devenu producteur. Deux personnalités clés plieront aussi bagages en 2007, Céline Kamina et Cécile Felsenberg, parties créer UBBA. Elles emmèneront dans leur sillage Laurent Lafitte, Marina Foïs, Gilles Lellouche, Kad Merad, Guillaume Gallienne… Notons toutefois que ce départ se fera à l’amiable, Artmedia prenant même 23 % d’UBBA.
Ces départs donneront des idées au reste de l’équipe, d’autant plus qu’ils ont été couronnés de succès. En réponse, le propriétaire et patron d’Artmedia, Bertrand de Labbey, promeut Claire Blondel directrice générale de l’agence en 2013, ce qui ne manquera pas de décevoir l’autre agent star de la boîte, Elisabeth Tanner. Deux ans plus tard, celle-ci quittera l’agence pour créer Time Art, emmenant avec elle Patrick Bruel, Charles Berling, Sophie Marceau, Nathalie Baye… En même temps, elle revend ses parts dans Artmedia (10 %).
Lourdes dettes
En 2016, de Labbey scinde l’agence en deux pour laisser Claire Blondel voler de ses propres ailes. Il ne manquera pas de racheter sa clientèle composée, entre autres, de Jamel Debbouze et Gérard Depardieu, moyennant 745 000 euros. Claire Blondel se retrouve alors face à un véritable défi, notamment en raison du départ de Bertrand de Labbey avec 2,3 millions de CA, ce qui représente 45 % du total. Pire encore, Claire a dû s’endetter lourdement pour racheter les 90 % du capital qui n’était pas en sa possession.
