La situation critique en Haïti, avec des bandes criminelles contrôlant le pays, ne peut être résolue que par les actions préconisées depuis des années par le président de la République dominicaine, soutenu par ceux qui ont la capacité de présenter une force d’action équivalente en puissance de feu à celle des bandes. Jusqu’à présent, la pression internationale a abouti à la démission du président intérimaire d’Haïti, Ariel Henry.
Haïti est un problème mondial, pas régional, et donc ne peut être résolu que par l’implication des grandes puissances, tant sur le plan économique que militaire. Il ne s’agit pas de chercher une guerre en Haïti car la guerre est déjà une réalité. Le problème réside dans le fait que si l’on veut mettre fin au contrôle des bandes criminelles, il est nécessaire de pouvoir présenter un front où il y a une égalité en puissance de feu.
Les centaines de gangs haïtiens disposent d’armements très sophistiqués car ils sont bien financés par ceux qui bénéficient des ressources d’Haïti provenant d’autres pays des Amériques. Cela peut sembler contradictoire, surtout si l’on considère que le pays est l’un des plus pauvres du monde. Cependant, l’extraction illégale de ressources naturelles, le trafic de drogue, la traite des êtres humains et la contrebande d’armes sont des activités illicites qui rapportent beaucoup d’argent.
Pour cette raison, la mission internationale des Nations unies doit être dirigée par les principales puissances économiques et militaires. Hier, lors de la réunion d’urgence organisée par la Communauté caribéenne (CARICOM) à la Jamaïque, les États-Unis, le Canada et la France étaient présents. Des solutions possibles pour mettre fin à la situation actuelle d’Haïti ont été discutées lors de la réunion. L’implication de ces trois pays est cruciale, car ils ont la capacité d’organiser rapidement une force de choc sous le mandat des Nations unies pour mettre fin aux gangs criminels. Selon des sources consultées, il semble qu’il y ait une volonté de le faire.
D’autre part, la pression internationale suite à cette réunion de la CARICOM semble porter ses fruits d’un point de vue strictement politique. Le président intérimaire d’Haïti, Ariel Henry, a annoncé ces dernières heures sa démission de son poste, permettant ainsi une transition politique. Plus précisément, Henry a annoncé dans une vidéo que son gouvernement démissionnerait « immédiatement après l’installation d’un conseil » de transition. De plus, le président démissionnaire a exhorté les Haïtiens à rester calmes.
En d’autres termes, les événements se déroulent désormais en fonction des demandes et des requêtes formulées par le président de la République dominicaine, Luis Abinader, depuis 2020, qui n’ont été prises en compte qu’en septembre 2023.
La République dominicaine joue un rôle qu’elle ne devrait pas avoir vis-à-vis d’Haïti depuis de nombreuses décennies. Le président Luis Abinader a toujours été un défenseur de l’idée que son pays ne pouvait pas s’immiscer dans la politique haïtienne ou, bien sûr, dans la volonté du peuple haïtien. Cependant, le contrôle des gangs criminels a atteint un tel extrême qu’il a même provoqué des conflits frontaliers suite à la construction illégale d’un canal qui détourne le cours de la rivière Massacre (Dajabón), qui est de souveraineté partagée.
Pour cette raison, la République dominicaine a pris une décision difficile mais justifiée : ne pas « s’impliquer dans les décisions internes qui appartiennent exclusivement au peuple haïtien ». Cependant, le gouvernement d’Abinader soutient fermement les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies. « Il est crucial que la Mission de soutien à la sécurité en Haïti soit enfin déployée dès que possible, pour laquelle il est essentiel que les fonds promis soient débloqués immédiatement. Le processus de transition en Haïti devrait inclure les voix les plus significatives et représentatives du peuple haïtien, distinguées par leur intégrité éthique et morale. Surtout, il doit éviter toute action contraire ou entravant la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité », indique un communiqué du gouvernement dominicain.
Il est important de souligner que la responsabilité de résoudre la crise en Haïti incombe exclusivement à la communauté internationale. Le fait que la République dominicaine soit un pays voisin ne lui confère pas, en soi, de responsabilité. Pour cette raison, le gouvernement de Luis Abinader a clairement affirmé que « il est nécessaire que la communauté internationale soutienne la formation d’un nouveau gouvernement qui représente la volonté du peuple haïtien et qui soit soutenu par le gouvernement sortant pour garantir sa légitimité », une action qui, bien sûr, doit être soutenue par le respect absolu des droits de l’homme.
Dans cette situation, le silence de l’opposition dominicaine dirigée par Abel Martínez et Leonel Fernández est surprenant. Ils laissent le gouvernement d’Abinader seul dans un scénario où le peuple de la République dominicaine regarde avec étonnement comment leur classe politique ne s’est pas alignée autour du gouvernement pour présenter une position unie au monde. Au lieu de démontrer leur patriotisme, les dirigeants des partis d’opposition ont choisi de rester à l’écart. Ils sont là uniquement pour obtenir des votes ; ils ne s’intéressent qu’aux votes. Ils ont montré que le bien-être du peuple est une préoccupation secondaire pour eux, ce qui les disqualifie politiquement, moralement et éthiquement à exercer la présidence.
M. Domínguez Moreno