La psilocybine, un composé hallucinogène retrouvé dans les champignons dits magiques, suscite depuis quelques années l’intérêt dans le domaine de la santé mentale. Alors qu’elle était non seulement stigmatisée, mais aussi directement associée à la culture psychédélique, elle est désormais au centre de plusieurs recherches scientifiques sérieusement visant à découvrir son potentiel thérapeutique. La psilocybine peut-elle réellement révolutionner la santé mentale en France ?
C’est quoi la psilocybine ?
Par définition, il s’agit d’un alcaloïde hallucinogène naturel qui est présent dans plusieurs espèces de champignons du genre Psilocybe. Lorsqu’elle est ingérée, elle est convertie en psilocine par l’organisme. Cette nouvelle substance est un composé actif qui se fixe et agit principalement sur les récepteurs de la sérotonine dans le cerveau. En conséquence, le consommateur ressentira une altération de la perception, des émotions et de la cognition. Cela provoquera des effets hallucinogènes.
Alors que la question de la psilocybine en France semble diviser, l’attention des chercheurs pour la psilocybine va au-delà de ses propriétés psychotropes. Elle pourrait avoir, selon certains essais cliniques, un impact non négligeable sur certains troubles de la santé mentale comme certaines addictions, les troubles anxieux et même la dépression résistante.
Des résultats prometteurs de la psilocybine pour la dépression
Statistiquement, 1 personne sur 5 en France souffrirait de dépression à un moment donné de sa vie. Malheureusement, les traitements traditionnels à base d’antidépresseurs et les thérapies ne parviennent pas à soulager les symptômes d’une partie de la population. Dans ce contexte, la psilocybine se présente comme une solution potentielle.
En effet, au terme de certains essais cliniques aux USA et au Royaume-Uni, il apparait que des doses contrôlées de psilocybine pourraient occasionner une réduction rapide et même durable des symptômes de la dépression. Cela justifie l’intérêt grandissant pour cette substance en France où la dépression est un enjeu majeur de santé publique.
Une réduction de l’anxiété chez les patients en phase terminale
Face à la perspective de la mort, plusieurs patients présentent des signes d’angoisse existentielle. Lesdits signes ne sont pas toujours atténués avec les traitements conventionnels. Certaines études montrent qu’une administration de la psilocybine sous supervision médicale est efficace pour réduire cette anxiété. Elle favorise la réévaluation émotionnelle et l’acceptation plus sereine de la condition de vie. Selon des essais menés à l’Université Johns Hopkins, un pourcentage significatif de patients faisait preuve d’un sentiment de paix intérieure et de réduction durable de l’angoisse après une ou deux sessions assistées.
La psilocybine, efficace contre les addictions
Les addictions touchent de nombreuses personnes en France, qu’il s’agisse d’alcool, de nicotine ou autres substances. Malgré le grand nombre des traitements, le taux de succès reste parfois mitigé. Cependant, la psilocybine pourrait offrir une nouvelle approche.
Selon des études cliniques, des séances de thérapie assistée par la psilocybine en combinaison avec des entretiens psychologiques aideraient les patients à vaincre leur dépendance. Un essai sur des fumeurs de longue durée a révélé que 80 % des participants ont arrêté leur consommation de cigarette six mois après avoir reçu des doses contrôlées de psilocybine. Ce taux est nettement supérieur à celui des substituts nicotiniques ou de la thérapie comportementale.
Quid de la légalité de la psilocybine en France ?
La psilocybine est toujours classée comme substance stupéfiante en France. Les réticences se justifient d’une part par la nature hallucinogène de la substance, et d’autre part par le manque de recul clinique quant à ses effets à long terme.
Ainsi, à l’instar de la plupart des pays européens, la France fait preuve de prudence quant à une potentielle légalisation ou même à une autorisation de son utilisation thérapeutique. Toutefois, à la suite des pressions montantes, et l’augmentation des preuves scientifiques en faveur de son efficacité, il est possible d’espérer des changements de législation dans les années à venir, sous conditions.
